Cité de la réussite 2012 - Intervenants :
Gilles Bernheim, Grand Rabbin de France
André Comte-Sponville, Philosophe
Patrick Pelloux, Président de l’Association des Médecins Urgentistes hospitaliers de France
Charles Rojzman, Sociothérapeute
Accueil / modération, Serge Moati : ... Aimer tout le monde... peut-être pas ; Aimer son prochain, sa famille, ses amis..., çà c’est plutôt facile. Mais déja, des voisins et des collègues, c’est plus compliqué... Aimer ses ennemis, comme le recommandent les Saintes écritures, alors là, çà devient très intéressant... surtout lorsque l’on image que ces ennemis et bien ils sont peut-être en vous ! Ils sont peut-être vous-même, vos ennemis ! C’est à dire que l’ennemi n’est pas forcément le lointain.
Quand je dis par exemple « Je pense çà... », je pense très exactement le contraire dans le même temps. Donc c’est vrai que l’ennemi me donne très exactement l’idée d’une multiplicité de personnes en moi. Et donc je pense de moins en moins ; çà pense à travers moi et je me surprends à dire « Je » par moment. Et çà, c’est tout-à-fait formidable ! Et quand on arrive à dire « Moi, je pense que... » alors là, c’est exceptionnel. Mais c’est parce que l’on est enrichi par toutes ces rencontres, par tous ces gens qu’on a aimés.
Donc voilà, vivre avec tous ces salauds qui sont en nous et qui se mettent parfois à nous ressembler, çà me paraît être le comble de ce métier ; mais c’est un débat compliqué, qui peut être prétexte à toutes les démagogies : oui, il faut aimer, oui, il faut partager, oui, il faut avoir le souci de l’autre ! Qui va dire le contraire ? Le souci, c’est évidemment la bonne conscience ! On a tous envie d’être des types formidables, évidemment ! ...